Le BLOG "FRANCAS GAILLAC"

Contes avec Caroline : LE TIROIR AUX SORCIERES

25 Novembre 2020 , Rédigé par Francas GAILLAC

LE TIROIR AUX SORCIERES

 

 Il était une fois, il y a de cela bien longtemps, une jolie et douce petite fille qui s'appelait Agnès et dont la chambre était tous les jours un véritable capharnaüm.
Ce n'était pas à vrai dire, ses jouets et ses vêtements qui prenaient de la place et qui faisaient du désordre, car elle avait un coffre pour ses joujoux et une armoire pour ses habits...Ce qui entretenait le désordre, c'était ses affaires de classe.
Mais il faut dire aussi qu'elle n'avait qu'un tout petit bureau pour les ranger.
Et comme en grandissant, il lui fallait de plus en plus de matériel, les tiroirs de son petit bureau ne pouvaient plus le contenir, alors, comme il n'y avait plus de place dans les tiroirs, Agnès empilait les affaires sur le bureau :
- "Range ta chambre Agnès! lui répétait sa maman.
- "Mais elle est rangée !" répondait la petite fille.
- "Regarde-moi cette pile de cahiers et de livres ! à quoi cela ressemble enfin ? Comment veux-tu travailler avec un foutoir pareille ?"
Et la maman d'Agnès se détournait en claquant la porte derrière elle.

Un jour, les parents de la petite fille en eurent assez de cette chambre toujours mal rangée et lors d'un Noël, ils déclarèrent:
-"Cette année Agnès tu auras un bureau plus grand, ainsi tes affaires de classe auront enfin une place convenable."
Agnès fut bien contente à l'annonce de cette nouvelle, car elle en avait assez, elle aussi de ces affaires qui trainaient partout...

 Le matin de Noël, elle eut la joie de découvrir dans le coin préféré de sa chambre, un beau bureau de couleur brune qui avait au moins six tiroirs :

- "Merci papa ! Merci maman ! Voilà un bureau qui me plait beaucoup !

- "Je suis contente qu'il te plaise ma chérie, déclara alors la maman de la petite fille, sache simplement une chose : tu peux te servir des cinq tiroirs de ton bureau, mais pas du sixième".

- "Et pourquoi ? S’étonna Agnès, mon bureau a six tiroirs, je veux tous les utiliser.

- "Ecoute-moi, je te répète ce que nous as dit le marchand à qui nous l'avons acheté.

- "Enfin, fais ce qui te semble le mieux sourit le papa.

Et les parents de la petite fille se retirèrent.

Sitôt seule dans sa chambre, Agnès rangea livres, cahiers, feuilles dans les tiroirs de son bureau tout neuf et fut heureuse que tout tienne dans les cinq tiroirs et qu'au fond, le sixième ne lui était pas très utile.

Pourtant, ce tiroir qui lui était défendu d'ouvrir l'intriguait.

- "Que peut-il y avoir dans ce tiroir ?" se disait-elle souvent.

Sitôt les vacances de Noël finies, Agnès fut heureuse de retrouver ses camarades et son gentil maître d'école.

Tous les enfants se racontèrent respectivement ce qu'ils avaient reçu pour Noël...les retrouvailles furent donc très vives et très gaies.

Avant que quatre heures ne sonnent, le maître déclara :

- "Demain nous ferons une rédaction et dans cette rédaction, vous me raconterez vos vacances".

 Sitôt rentrée à la maison, Agnès retrouva sa chambre et son bureau.

Le soir de ce même jour, elle posa son cartable près de son lit...mais elle n'arrivait pas à dormir...malgré les bons moments passés à l'école, le sixième tiroir n'avait pas quitté ses pensées.

A onze heures, n'y tenant plus, elle sauta à bas de son lit et l'ouvrit...rien n'en sortit.

Agnès se mit à rire et se recoucha...quelques instants plus tard, elle s'endormit profondément.

Tout à coup, comme minuit sonnait à une horloge lointaine, du sixième tiroir du bureau d'Agnès, sortit une horrible petite sorcière dont les yeux étaient rouges et les habits et cheveux noirs corbeau.

Sitôt à terre, elle plongea la main dans son tablier et en sortit un stylo à bille tout semblable à celui d'Agnès qu'elle déposa dans sa trousse rangée au fond de son cartable et murmura :

- "Si tu écrit avec ce stylo demain, tu feras fuir tous tes copains !".

Sur ses mots, elle s'empara de l'autre stylo qu'elle mit dans son tablier et regagna le sixième tiroir du bureau qui se referma.

Le matin venu, Agnès partit pour l'école, sans remarquer que le sixième tiroir de son bureau était fermé, alors que la veille elle l'avait ouvert pour voir ce qu'il contenait.

Arrivé dans la salle de classe, le maître écrivit le sujet de la rédaction sur le tableau noir.

Après avoir un instant réfléchit, Agnès sortit ce qu'elle croyait être son bon stylo à bille et commença à écrire....

Mais elle n'alla pas bien loin, car soudain, les mots qu'elle venait d'écrire bondirent hors de la feuille et se changèrent en d'hideux petits monstres qui se mirent à sauter sur les tables, à passer entre les jambes des écoliers et à s'agripper à leurs cheveux...

Epouvantés, les élèves se ruèrent hors de l'école, et rentrèrent chez eux en hurlant et en pleurant.

Dans l'après-midi, les monstres avaient disparus...mais Agnès eut un zéro en expression écrite :

- "Demain dit le maître nous commencerons la journée par de la peinture".

 Agnès regagna son lit très tôt ce soir là...mais elle eut du mal à trouver le sommeil car elle ne s'expliquait pas la venue de ces monstres en pleine classe...

Quant au fameux zéro, elle avait bien du mal à le digérer...

Bientôt pourtant, elle finit par s'endormir.

Tout à coup, à la même heure que la veille, le sixième tiroir du bureau s'ouvrit et une horrible petite sorcière en sortit.

Ses yeux étaient rouges et ses habits et vêtements verts.

Sitôt à terre, elle ôta l'une de ses chaussures, qui contenait un pinceau tout semblable à celui d'Agnès.

Puis, elle ouvrit son cartable et le glissa dedans à la place de l'autre.

Enfin elle murmura :

- "Si tu peins avec ce pinceau là, eh ! Eh !

Toi et tes camarades deviendront ce que vous dessinerez !"

Sur ses mots, elle glissa le bon pinceau dans sa chaussure, et regagna le tiroir qui se referma sur elle.

Le lendemain, Agnès prit le chemin de l'école inquiète.

Dans la cour, ses camarades lui dirent qu'ils n'avaient pas fermés l'œil de la nuit croyant voir dans leur chambre, les monstres de la classe.

Sitôt à leur pupitre, le maître déclara :

- "Dessinez votre animal favori".

Et il distribua de belles feuilles blanches...

Agnès prit ce qu'elle croyait être son pinceau habituel et après avoir réfléchit dessina une coccinelle.

A peine eut-elle finit le dessin, qu'elle vit apparaitre sur ses bras des taches noires et que ses vêtements se tintèrent de rouges...en même temps qu'elle, ses camarades se changèrent en animaux qu'ils venaient  à peine de faire sur leurs feuilles...

Certains avaient peint des animaux charmants...mais d'autres, des terrifiants, aussi le maître dût-il garder son sang froid durant le reste de la matinée pour faire la classe à ces drôles d'élèves.

Dans l'après midi de ce même jour, les bêtes du matin redevinrent des enfants pour la plus grande joie du maître d'école.

Agnès elle fut mise au coin jusqu'à quatre heures.

 En rentrant dans sa chambre ce jour là, la petite fille jeta machinalement un regard sur le sixième tiroir de son bureau.

A sa grande surprise, elle le trouva fermé.

En se couchant ce soir là, elle eut  l'intuition que tout ce qui arrivait venait de son ouverture un soir tard :

- "Et pourtant il n'y avait rien à l'intérieur !" se dit-elle avant de s'endormir.

A l'heure dite, le tiroir s'ouvrit et une horrible sorcière en sortit.

Ses yeux étaient rouges et ses habits et cheveux gris.

Sitôt à terre, elle souleva son chapeau et en sortit une règle pareille à celle  d'Agnès qu’elle échangea avec celle rangée dans une des poches de son cartable.

Puis, elle murmura :

- "Si demain tu traces un trait avec cette règle là, elle frappera tout le monde et tout le monde te frappera !".

Sur ses mots, la sorcière glissa la bonne règle sous son chapeau et regagna le bureau dont le tiroir se referma.

 Le lendemain, Agnès reprit le chemin de son école.

Le maître avait l'air fatigué car dans ses rêves, il avait revu tous les animaux à qui il avait fait classe...

Sitôt dans la salle, le maître déclara :

- "Pour commencer géométrie, prenez vos cahiers et tracez un carré !"

Sur son cahier de brouillon, Agnès prit ce qu'elle croyait entre sa règle et commença à tracer la première ligne du carré...

Au même moment, celle-ci lui échappa des mains et passa de table en table pour frapper au visage les enfants de la classe...A la récréation, les écoliers se précipitèrent sur la petite fille et lui rendirent les coups que la règle leur avait si injustement donné.

En fin de matinée, la règle reprit sa place dans sa trousse.

 Le soir venu, Agnès couverte de bleus, fondit en larmes.

Soudain, elle fut tirée de son chagrin par une petite voix qui lui dit :

- "Si tu n'avais pas ouvert le tiroir de ton bureau, rien ne serait arrivé !"

Agnès s'essuya les yeux et leva la tête...sur son bureau, elle vit un petit homme qui lui parut bien sympathique :

- "Dans le tiroir de ton bureau habitent trois sorcières.

Le crayon, le pinceau et la règle que tu as utilisés sont à elles et c'est pour cela que tu as eu tous ses ennuis.

- "Mais quand j'ai ouvert mon tiroir ce soir là petit homme, je n'ai vu personne !" s'écria la petite fille.

-"Parce qu’elles sont malignes et ont décidé d'agir pendant ton sommeil".

- "Je veux qu'elles s'en ailles maintenant ! Si vous savez comment m'en débarrasser, dites_-moi !".

- "Prend cette clé reprit le petit homme et attends la nuit d'halloween.

En attendant qu'elles arrivent, ferme le tiroir de ton bureau avec cette clé.

Tant qu'elles seront enfermées, les ustensiles de classe qu'elles t'ont donnés, en échange des tiens n'auront pas de pouvoirs.

Lorsqu'arrivera la fameuse nuit, les sorcières sortiront du tiroir et danseront dans ta chambre.

Lorsque la danse sera finie elles reprendront place dans le tiroir.

Là referme le...les sorcières mourront à l'intérieur et les ustensiles qu'elles t'ont donné disparaitront.

Ainsi tu retrouveras tes affaires, tu pourras aussi garder ton bureau".

Sur ses paroles, le petit homme disparut aux yeux d'Agnès.

 A peine ce fut-il volatilisé que la petite fille ferma à clé le sixième tiroir de son bureau.

Elle n'eut en effet plus d'ennui dans les jours qui suivirent.

Quand vint le mois d'octobre l'année suivante, un soir, la petite fille vit trois sorcières sortir du tiroir de son bureau et faire une ronde au milieu de sa chambre...

La danse finie, les sorcières regagnèrent le tiroir...

Se précipitant, Agnès le ferma à l'aide de la clé...elle entendit des cris de rage à l'intérieur du tiroir, mais elle n'y fit pas attention...

Puis, tout à coup, ce fut le silence.

Le lendemain de ce jour mémorable, Agnès expliqua à ses camarades comment tout ce qu'ils avaient vécu était arrivé.

Ceux-ci lui pardonnèrent en l'embrassant tendrement.

Depuis ce jour, la chambre d'Agnès fut toujours bien rangée, si bien qu'elle éprouva beaucoup de plaisir à la montrer à ses amis.

Et si elle redevint la bonne élève que tous connaissait, elle se servit du sixième tiroir de son bureau avec cependant une légère appréhension, lorsqu'elle l'ouvrait à l'aide de la petite clé...

Un conte écrit par caroline Delannoy. Merci de ne pas utiliser ce texte a d’autres fins qu’une simple lecture sans l’accord de son auteur.

 

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